top of page
Rechercher
  • Cécile Doffin

SIBO


Un drôle d’acronyme pour une pathologie bien méconnue. Ces 4 lettres signifient « Small Intestinal Bacterial Overgrowth » ce qui signifie « prolifération bactérienne de l’intestin grêle ».


Le SIBO est une pathologie intestinale souvent associées à d’autres maladies. Selon plusieurs études, il s’avère que prés de 78% des personnes atteintes du syndrome du côlon irritable seraient atteintes de SIBO1, ainsi que 66% des personnes atteintes de la maladie cœliaque et 43% des personnes diabétiques souffrant de diarrhées chroniques.


En France, les plaintes digestives sont surtout diagnostiquées sous la terminologie « syndrome de l’intestin irritable » sans aller plus loin. Pourtant 10% des Français seraient touchés par le SIBO, soit 6 millions, ce qui, en retenant le pourcentage de 78%, porterait le nombre de cas de SIBO à plus de 4 millions de personnes.


L’intestin grêle (lieu de contagion)


De manière naturelle, le rôle de notre intestin grêle est d’absorber les nutriments issus de notre alimentation pour qu’ils soient utilisés par notre organisme .

Mais il arrive que ce dernier accumule trop de bactéries (qu’elles soient bonnes ou mauvaises) et cela entraîne tout un tas de désagréments comme des troubles de malabsorption.

Ces bactéries retrouvées dans l’intestin grêle se nourrissent de nos aliments non digérés (les fibres). Elles sont à l’origine de fermentations des aliments et donc de la production de gaz.

La pression des gaz dans l’intestin grêle pourrait aussi expliquer une mauvaise vidange de l’estomac et donc, dans certains cas, des reflux gastro-œsophagiens.


Les symptômes du SIBO


Les premiers grands symptômes sont les troubles digestifs2, comme des ballonnements, des flatulences, des douleurs abdominales, des spasmes digestifs, des reflux gastro-œsophagiens, des éructations, des nausées, des diarrhées ou de la constipation, ou une alternance diarrhée-constipation.

Ont y associe souvent une fatigue chronique, des intolérances alimentaires, de la dépression, des angoisses, un brouillard cérébral, des difficultés de concentration, parfois une perte de poids.


Les conséquences du SIBO


Elles sont nombreuses si la maladie est repérée tardivement. On retrouve des carences nutritionnelles; surtout au niveau des acides gras et des vitamines liposolubles ( A,D,E, K) car les bactéries en excès vont inactiver les sels biliaires, qui permettent l’émulsion des graisses alimentaires et sans cette étape, les acides gras et les vitamines associées ne peuvent pas être absorbés.


La carence en oméga-3, acides gras aux propriétés anti-inflammatoires, est aggravée, ce qui augmente le niveau d’inflammation du corps.

La vitamine B12 est également déficitaire, car les bactéries la consomment pour leurs propres besoins. Les carences en B12 se manifestent par de la fatigue, de la dépression, des troubles cognitifs, de l’anémie mégaloblastique.

La carence en fer, lui aussi utilisé par certaines bactéries, peut générer une anémie.


En fait, de nombreuses carences sont fréquentes en cas de SIBO car, d’une part, les bactéries « se servent » en premier et d’autre part, la muqueuse intestinale est enflammée et endommagée et l’absorption des nutriments n’est pas optimale.


Ensuite, il y a une altération de la muqueuse du grêle. En cas de SIBO le microbiote sain est colonisé par des bactéries pathogènes provenant principalement du colon, ce qui s’appelle la dysbiose3.


De l’hyperperméabilité intestinale: la pullulation bactérienne endommage la muqueuse du grêle, le mucus protecteur et augmente la perméabilité (les cellules intestinales ne jouent plus leur rôle de barrière étanche). Ainsi, des molécules d’origine alimentaire et des fragments bactériens peuvent passer de l’intestin grêle vers le sang et provoquer une réaction du système immunitaire.




Une cinquantaine de maladies sont mises en relation directement avec l’hyperperméabilité intestinale :


  • hypersensibilités alimentaires (communément appelées « intolérances »)

  • intolérance à l’histamine,

  • fatigue chronique,

  • migraines,

  • douleurs articulaires,

  • diabète

  • obésité,

  • syndrome métabolique,

  • maladies cardiovasculaires,

  • maladies cutanées comme l’acné ou la rosacée,

  • fibromyalgie, dépression, autisme, maladies auto-immunes etc..

Les causes médicales du SIBO


  • Une altération du fonctionnement du complexe moteur migrant (CMM)

Le complexe moteur migrant (CMM) est un ensemble de vagues de contractions des organes digestifs qui permet, entre les repas, de faire progresser le bol alimentaire pour qu’il progresse tout le long du tractus digestif.

Lorsqu’il est perturbé, les bactéries de notre flore intestinale, située en majorité au niveau du côlon, peuvent remonter et adhérer aux parois de l’intestin grêle, causant les fermentations (donc des ballonnements et des gaz) à un endroit où il ne devrait en principe pas y en avoir.

Cette perturbation a plusieurs causes possibles, dont les principales sont:

  • une infection intestinale, les bactéries pathogènes secrétant des toxines qui altèrent le CMM,

  • le diabète : le nerf vague est abîmé par une neuropathie diabétique,

  • l’hypothyroïdie provoque un ralentissement du transit intestinal,

  • une intoxication aux moisissures,

  • l'hypochlorhydrie (diminution de l’acidité de l’estomac). En effet, l’acidité prédigère les aliments et tue une grande partie des bactéries contenues dans les aliments. L’hypochlorhydrie peut être consécutive à la prise prolongée de certains médicaments comme les IPP (inhibiteurs de la pompe à protons), médicaments prescrits en cas de reflux gastro-œsophagiens.

  • Le reflux iléo-caecal ou la dysfonction de la valve iléo-caecale. La valve iléo-caecale est la jonction entre l’intestin grêle et le gros intestin ou colon. Elle empêche les matières du colon de remonter dans le grêle. Si la pression de la valve est insuffisante, il peut se produire un reflux.

  • L’insuffisance de production d’enzymes pancréatiques. Les aliments sont insuffisamment découpés, surtout les aliments glucidiques.

  • L’insuffisance biliaire. La bile contribue au transit intestinal et un déficit en bile ralentit le transit.

  • L’hypersensibilité au gluten (il semble altérer la structure de la muqueuse intestinale).

  • Des suites d’opérations chirurgicales.

  • L’utilisation excessive ou abusive de certains médicaments (comme l'utilisation récurrente des antibiotiques à large spectre favorise un appauvrissement et un déséquilibre du microbiote et peut provoquer l'apparition de ce trouble). Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), pris sur le long terme, engendrent une hypochlorhydrie et une pullulation bactérienne. Les traitements par IPP sont normalement de courte durée mais certaines personnes en prennent sur le long terme.

  • Les traitements du cancer : chimiothérapie et radiothérapie.

  • Lâge de la personne est aussi un facteur qui aggrave le SIBO.

Autres causes

  • Une mastication insuffisante peut être un facteur favorisant du SIBO car elle provoque l’arrivée dans l’intestin grêle d’aliments insuffisamment découpés, donc insuffisamment accessibles à l’action des enzymes digestives. Ces aliments insuffisamment dégradés ne seront pas assimilables par l’intestin mais pourront servir de substrat aux bactéries présentes.

  • Une alimentation riche en glucides fermentescibles. En effet, les bactéries intestinales se nourrissent des aliments fermentescibles apportés par le bol alimentaire. Ainsi, elles peuvent fermenter :

-Les monosaccharides (fructose, contenu dans le sucre de table, le sirop de glucose-fructose (très présent dans les produits transformés), le miel, les fruits).


-Les disaccharides (lactose, sucre du lait contenu dans le lait, le yaourt, les fromages peu fermentés).


-Les oligosaccharides (Fructo-oligosaccharides et Galacto-oligosaccharides), contenus dans les céréales comme le blé, l’orge, le seigle, les légumineuses (petits pois, lentilles, pois chiches, haricots blancs et rouges, cacahuètes) certains légumes (poireaux, ail, oignon, échalote, betterave etc).


-Les polyols (mannitol, maltitol, xylitol, sorbitol) contenus dans certains fruits (pommes, poires, mangue etc) et légumes (champignons, chou-fleur) et dans les sucreries et chewing-gums.


  • Les toxines contenues dans les aliments. Les aliments conventionnels et transformés peuvent contenir des pesticides, des additifs alimentaires (conservateurs, émulsifiants), des micropolluants divers qui sont susceptibles d’endommager à la fois le microbiote, le mucus digestif et la paroi digestive.

  • L’alcool, le café et les sodas (en consommation importante).

  • Le stress agit défavorablement de différentes manières. Il réduit la production d’acide chlorhydrique dans l’estomac, ce qui ne permet plus de détruire aussi efficacement les bactéries du bol alimentaire. Il modifie la motilité intestinale, en agissant sur le nerf vague et provoque l’arrivée dans l’intestin d’aliments insuffisamment digérés, qui vont favoriser la pullulation bactérienne. Il affecte la croissance des bactéries bénéfiques, Lactobacilles et Bifidobactéries et favorise le développement de bactéries pathogènes.

Et comme si cela n’ était pas suffisant, il faut savoir qu’il existe différents types de SIBO!


Les types de SIBO:


Il existe une classification du SIBO en fonction des gaz détectés et des symptômes provoqués (constipation, diarrhées ou alternance des deux). En gros, cela va dépendre des bactéries présentes dans l’intestin et à quel endroit.


  • Le SIBO type hydrogène (H2) est causé par plusieurs bactéries qui produisent de l’hydrogène comme Escherichia Coli, Klebsiella, Citrobacter, Clostridium

L’hydrogène est un gaz non-humain, c’est-à-dire qu’il n’est pas produit par nos propres cellules. Ce qui signifie que si les niveaux d’hydrogène augmentent, on peut sous-entendre que l’origine est causée par un excès de bactéries productrices d’hydrogène.

Cet excès d’hydrogène provoque de la diarrhée, ou alternance constipation/diarrhée et parfois des douleurs abdominales. L'hydrogène produit sert de carburant pour d’autres bactéries qui vont à leur tour produire du méthane et du sulfure d’hydrogène ;


  • Le SIBO type sulfure d’hydrogène (H2S) causé par des bactéries produisant un type de gaz particulier (qui peut être toxique à haute dose : le sulfure d’hydrogène). Ces bactéries sont: Bilophila Wadsworthia, Desulfovibrio, Fusobacterium Varium.

A la différence de l’hydrogène, le sulfure d’hydrogène peut être produit par l’humain et est même bénéfique en petite quantité.

Ce type conduit à des diarrhées urgentes avec douleurs et des gaz nauséabonds. Mais certains peuvent avoir des douleurs à la vessie, des douleurs chroniques articulaires.


  • Le SIBO (IMO) à méthane (CH4)

Avant appelé : SIBO constipation ou SIBO-C, ce type de prolifération a changé de dénomination. Dans l’IMO nous ne retrouvons justement pas de bactéries mais des archées. Ils ont donc décidé de le nommer : Intestinal Methanogen Overgrowth, c’est-à-dire en Français : Prolifération Intestinale de Méthanogènes.


C’est bel est bien le cas ici, nous nous retrouvons avec des méthanogènes (archées) qui produisent du méthane qui entraine plutôt de la constipation.

L’archée responsable principalement de la production de méthane est Methanobrevibacter smithii.


Je récapitule :



Comment diagnostiquer le SIBO ?


Vous pouvez consulter un gastro-entérologue qui fera un diagnostic différentiel, pour écarter certaines pathologies digestives : candidose, maladie cœliaque, pancréatite, maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) comme la maladie de Crohn, la recto-colite hémorragique, etc…

Malheureusement, en France, peu de médecins sont formés à ce type de pathologie et il n'est pas rare d'être en errance médicale pendant de longues années. Certains naturopathes, diététiciens où médecins sont formés et peuvent vous accompagner.


Il existe 3 façons de diagnostiquer un SIBO :

  1. L’aspiration (avec culture) du liquide de l’intestin grêle. C’est la méthode la plus fiable mais la plus onéreuse et invasive. Elle est très peu utilisée en France.

  2. Le test respiratoire, le moins cher, un peu moins fiable que l’endoscopie avec culture, mais suffisamment pour diagnostiquer le SIBO et l’IMO.

  3. La prise de sang dosant les anticorps anti-vinculine, anti-CDTB, mais elle n’est disponible qu’aux USA.


Le protocole des tests respiratoires consiste à faire ingérer au patient des sucres simples (lactulose, glucose) et de mesurer les gaz expirés à intervalles réguliers pendant les 2 heures qui suivent l’ingestion des sucres. Les courbes obtenues sont interprétées et vont définir si les fermentations excessives se produisent au niveau de l’intestin grêle ou du colon, ainsi que le type de fermentation.

Selon le type de bactéries en excès, les traitements ne sont pas les mêmes.

Il n’existe pas de test normé pour la détection du H2S mais ce type de fermentation produit des gaz à odeur caractéristique d’œuf pourri.


En France, les examens des gaz respiratoires sont disponibles dans certains CHU, sur prescription d’un gastro-entérologue; mais la encore soyez vigilant car certains ne font pas les prélèvements de manière optimale ou avec une mauvaise préparation au test ce qui amène à des "faux négatifs".


Certains laboratoires proposent des tests de détection des fermentations sans ordonnance.


Pour traiter le SIBO, il est recommandé de:

  1. Identifier la cause sous-jacente.

  2. Réduire la quantité de bactéries dans l’intestin via un traitement médicinal (antibiotique, herbes ou diète élémentaire).

  3. Essayer de prolonger la rémission via des modifications des habitudes de vie (alimentation, gestion du stress, etc.) et de corriger les carences alimentaires s’il y a lieu.

Le SIBO est généralement traité via la prise d’antibiotiques, le plus prescrit étant la Rifaximine, qui est un antibiotique à large spectre et peu absorbé. La Rifaximine n’agit que dans l’intestin et ne semble pas causer de perturbations majeures dans l’ensemble des bactéries intestinales (saines) à long terme. Cependant, on estime que près de 50% des patients ont une récidive dans l’année suivant le traitement aux antibiotiques4, c’est pourquoi il est primordial d’identifier et de traiter la cause sous-jacente. Par exemple, si la cause est un trouble de motilité, le médecin peut prescrire des prokinétiques, qui sont des médicaments qui augmentent la motilité intestinale.


Le traitement du SIBO avec des plantes médicinales est une alternative au traitement par antibiotiques ou peut être une option à envisager si le traitement d’antibiotiques échoue. Selon une étude, un traitement avec plantes médicinales pourrait être aussi efficace que la Rifaximine pour la résolution du SIBO. D’autres études sont nécessaires pour valider ces résultats.


La diète élémentaire est un autre type de traitement qui peut permettre d’éradiquer le SIBO. Il s’agit d’une diète liquide sous forme de préparations à boire qui est généralement suivie pendant quelques semaines. Les nutriments qu’elle procure sont digérés et absorbés plus tôt dans le système digestif, et ne sont donc pas fermentés par les bactéries intestinales. Un étude incluant 93 patients avec le SIBO a montré une amélioration de 66% des symptômes après 2 à 3 semaines de régime élémentaire exclusif.


En ce qui concerne l’alimentation, il n’existe pas de diète spécifique basée sur des évidences scientifiques pour le SIBO. Le but des modifications alimentaires est de minimiser les symptômes avec le moins de restrictions alimentaires possible.

De façon générale, les recommandations alimentaires doivent être personnalisées selon les symptômes et les antécédents médicaux du patient. Le thème dominant dans la manipulation de l’alimentation pour le SIBO est de réduire l’apport en aliments fermentescibles. Le régime pauvre en FODMAP est souvent recommandé en première intention (mis en place par le Dr Sue Shepherd). On pense qu’en réduisant la fermentation des aliments, le risque de prolifération des bactéries sera diminué.


Il a été démontré qu’une alimentation faible en FODMAP est utile pour réduire les symptômes liés au SII dans environ 75% des cas, mais elle a été peu étudiée pour le SIBO. Cependant, beaucoup de gens avec le SIBO ont aussi le SII, il s’agit d’une approche prometteuse. Une étude a trouvé une légère diminution de la production d’hydrogène avec une diète faible en FODMAP comparativement à une diète élevée en FODMAP. D’autres études sont nécessaires pour évaluer les effets d’une diète faible en FODMAP chez les personnes avec un diagnostic de SIBO


Il existe d'autres régimes comme:

-le SIBO régime spécifique (par le Dr Allisson Siebecker)

-la diète SIBO bi-phasique (par le Dr Nirala Jacobi)

-le régime SIBO histamine bi-phasique ( par le Dr Jacobi)


Il a été suggéré qu’il pourrait être bénéfique d’espacer le délai entre les repas pour aider la motilité de l’intestin. Les ondes mécaniques qui stimulent la motilité digestive surviennent chaque 90 à 120 minutes, ont lieu entre les repas, et sont interrompues par la prise d’aliments. Elles ne durent que dix minutes, mais sont assez fortes pour pousser la nourriture, les sécrétions résiduelles et les micro-organismes intestinaux en excès de l’intestin grêle vers le gros intestin. Ces ondes sont plus faibles et moins fréquentes chez une proportion de patients atteints de SII et de SIBO.


Ainsi, il pourrait être bénéfique d’espacer les repas et d’éviter de grignoter ou boire des breuvages caloriques entre les repas. Si possible, on recommande d’espacer les repas d’au moins 4h et d’avoir au moins un 12h de jeûne la nuit.


Cependant, il est primordial de s’assurer avant tout de combler ses besoins nutritionnels.


Finalement, en ce qui concerne la prise de suppléments de probiotiques pour le SIBO, les études sont controversées et donc les preuves actuelles ne permettent pas de recommander leur utilisation.


Conclusion


Si vous pensez souffrir du SIBO, prenez RDV avec un praticien formé pour vous guider dans le protocole.









1: Ghoshal UC, Shukla R, Ghoshal J. Small intestinal bacterialovergrowth and irritable bowelsyndrome: a bridge betweenfunctionalorganicdichotomy. Gut liver. 2017;11(2):196-208.

2: Pimentel M « Irritable Bowel Syndrome: Bacterial Overgrowth–What’sKnown and What to Do » CurrTreat Options Gastroenterol. 2007 Aug;10(4):328-37.


3: HC Lin, M Pimentel 2012, Methods of diagnosing and treatingsmall intestinal bacterialovergrowth (SIBO) and SIBO-related conditions, US Patent 8,110,177,



4. Lauritano et coll. (2008) Small intestinal bacterial overgrowth recurrence after antibiotic therapy. Am J Gastroenterol;103(8):2031-
90 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page